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A mon humble avis...
1 juin 2014

Réparer les vivants

réparer les vivantsPour cette édition du Blogoclub consacrée à la littérature française contemporaine, j'ai lu Réparer les vivants de Maylis de Kerangal chez Verticales.

Première phrase: "Ce qu'est le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, depuis que sa cadence s'est accélérée à l'instant de la naissance quand d'autres coeurs au-dehors accéléraient de même, saluant l'événement, ce qu'est ce coeur, ce qui l'a fait bondir, vomir, grossir, valser léger comme une plume ou peser comme une pierre, ce qui l'a étourdi, ce qui l'a fait fondre - l'amour; ce qu'est le coeur de Simon Limbres, ce qu'il a filtré, enregistré, archivé, boîte noire d'un corps de vingt ans, personne ne le sait au juste, seule une image en mouvement créée par ultrason pourrait en renvoyer l'écho, en faire voir la joie qui dilate et la tristesse qui resserre, seul le tracé papier d'un électrocardiogramme déroulé depuis le commencement pourrait en signer la forme, en décrire la dépense et l'effort, l'émotion qui précipite, l'énergie prodiguée pour se comprimer près de cent mille fois par jour et faire circuler chaque minute jusqu'à cinq litres de sang, oui, seule cette ligne-là pourrait en donner un récit, en profiler la vie, vie de flux et de reflux, vie de vannes et de clapets, vie de pulsations, quand le coeur de Simon Limbres, ce coeur humain, lui, échappe aux machines, nul ne saurait prétendre le connaître, et cette nuit-là, nuit sans étoiles, alors qu'il gelait à pierre fendre sur l'estuaire et le pays de Caux, alors qu'une houle sans reflets roulait le long des falaises, alors que le plateau continental reculait, dévoilant ses rayures géologiques, il faisait entendre le rythme régulier d'un organe qui se repose, d'un muscle qui lentement se recharche - un pouls probablement inférieur à cinquante battements par minute - quand l'alarme d'un portable s'est déclenché au pied d'un lit étroit, l'écho d'un sonar inscrivant en bâtonnets luminescents sur l'écrant tactile les chiffres 05:50, et quand soudain tout s'est emballé."

Ouf! Après cette lonnnnnnnnnnnnnngue première phrase (qui est en fait toute la première section), je vais pouvoir me lancer!

Lorsque je me suis plongée dans ce roman, je savais déjà de quoi il s'agissait. J'avais notamment entendu l'émission Le masque et la plume de France Inter à son sujet; je connaissais donc le thème de ce livre: une transplantation cardiaque. C'est à dire un mort, et un vivant. Ou plus exactement DES vivants.

Au début de ma lecture, j'ai été complètement captivée, j'aurais pu le lire d'une traite. Je trouvais notamment que Maylis de Kerangal parvenait à ne pas sombrer dans le pathos, je trouvais que les émotions et pensées des personnages sonnaient vrai. Puis est arrivé un moment dans ma lecture, où je n'avais simplement plus envie de lire cela. Parce que cette histoire d'hopital tombait particulièrement mal par rapport à ce que je vivais par ailleurs. J'avais l'impression de m'infliger une souffrance inutile en lisant, justement, la souffrance de certains personnages. Car à ce moment du roman sont survenues certaines scènes que j'ai trouvées très pleuratives (et je m'y connais en sanglot de lecture), qui m'ont donc un peu gênées puisque justement je saluais jusque là le fait que l'auteure soit parvenue à les éviter.

Quelques jours de bouderie donc, puis lorsque les choses se sont appaisées de mon côté, j'ai repris ma lecture, et j'ai terminé rapidement le roman.

Pour terminer, je dirais qu'il s'agit d'une bonne lecture, mais son créneau n'est pas la légéreté et le divertissement. Or à ce moment-là, j'aurais eu besoin de quelque chose de plus léger, quelque chose pour m'évader. Je n'ai donc pas pu l'apprécier complètement.

Ma note: ***

Les avis des autres participants: Sylire, Titine, Mimi, Fransoaz, Manu,

Grominou et Hélène ont lu La Théorie des nuages de Stéphane Audeguy

Mon point de vue concernant le choix du club: Depuis le début, Sylire et moi-même avons décidé de laisser le choix aux participants de proposer des livres grands formats, tout en insistant lourdement sur les avantages des livres de poche (en terme de coût, ce qui permet à tout le monde de participer sans barrière financière). Ce coup-ci, malgré notre insistance habituelle sur le fait qu'il appartient à chacun de vérifier qu'il pourra se procurer le livre pour lequel il vote, c'est donc un grand format qui a été choisi. Il était clair dans mon esprit que si je trouvais ce livre à temps à la bibli, je participerai au Blogoclub, mais que dans le cas contraire, il était tout bonnement hors de question que je l'achète (alors que j'achète volontiers les poches qui sont choisis pour les autres éditions). Coup de bol, je l'ai obtenu à temps à la bibli, je peux donc participer. Il n'empêche que si je respecte le vote des participants, je regrette à titre personnel que ce soit un grand format qui ait été choisi, et j'espère que personne n'aura été frustré à cause du prix de cette lecture. A bon entendeur...

Pour le 1er septembre, le problème ne se pose pas, puisque nous vous proposons une lecture libre autour de l'oeuvre de Joyce Maynard.

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Commentaires
H
Tu pointes du doigt ce que je redoutais avec ce livre ! J'ai énormément de mal à lire des livres sur la maladie, les hôpitaux... parce que je lis pour autre chose que pour revivre la misère humaine. A chacun de savoir ce qu'il recherche dans une lecture...
S
Je comprends bien que ce n'était pas le bon moment pour toi. Pour ce qui est du choix du livre, je partage ton avis. J'ai acheté le livre mais je l'aurais sans doute acheté quand même car je souhaitais le lire.
G
Je suis comme toi, pas question de débourser le gros prix, et priorité à la bibliothèque municipale! D'où mon choix d'un autre titre pour ce Blogoclub.<br /> <br /> Merci d'avoir ajouter mon lien, je n'avais pas eu le temps de vous le laisser à toi et Sylire.
C
Tu as raison; ce serait dommage que certaines ne puissent accéder au livre pour des raisons financières. Il faudra que nous soyons plus vigilantes.<br /> <br /> Tu es la seule ( à part moi) à mettre un bémol à l'admiration générale de ce livre; pour des raisons personnelles mais aussi parce que tu as trouvé, dis-tu, "qu'il y avait des scènes pleuratives". Moi ce qui m'a frappée dans ce style, c'est le côté trop esthétisant qui enlève la sincérité des sentiments.
V
J'avoue que j'ai été étonnée de ce choix car je croyais que l'une des conditions était que ce soir un poche. Mais je ne boude pas mon plaisir parce que c'était un coup de coeur pour moi.
A mon humble avis...
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