Le Montespan
J'ai lu Le Montespan de Jean Teulé chez Pocket.
Première phrase: "Le samedi 20 janvier 1663, vers onze heures du soir, au sortir du Palais-Royal où Monsieur - le frère du roi - donne un grand bal, deux jeunes hommes, suivis par six autres, déboulent dans la rue."
J'ai découvert Jean Teulé par l'intermédiaire du blogoclub, pour lequel nous avions lu Je, François Villon, qui m'avait vraiment emballé. Et peu de temps après, j'avais entendu Jean Teulé présenter son nouveau livre dans une émission radio, et il m'avait convaincue.
Consacrer un roman à un mari cocu, éploré et audacieux, en voilà une idée originale!
Louis-Henri de Pardaillon, marquis de Montespan, est fou amoureux de sa jeune épouse Françoise, bientôt appelée Athénaïs. Il n'en revient pas de son bonheur, tous les problèmes glissent sur eux, puisqu'ils s'aiment et qu'ils sont ensembles, c'est le principal.
Mais la belle Athénaïs a d'autres ambitions, et après avoir donné deux enfants à son époux amoureux mais désargenté, elle devient dame d'honneur de la reine. Elle part à la cour, c'est formidable! Les belles robes, l'argent facile, la vie de loisirs... Et ce bon Louis-Henri n'y trouve rien à redire: enfin le couple gagne de l'argent! Certes, sa chère et tendre ne vit plus avec lui, mais il n'y voit rien de mal, il a confiance en elle... Plus qu'elle-même, qui voit venir le danger et l'en prévient: "Versailles est un pays effroyable et il n'y a pas de tête qui n'y tourne. La cour change les meilleurs." (p 92)
La suite, on la connait puisqu'elle appartient à l'Histoire. La Montespan, favorite du roi-soleil pendant une douzaine d'année, qui lui donna sept petits bâtards. Mais ce que l'on ne savait pas, c'est que Louis-Henri s'est battu jusqu'au bout pour arracher sa femme à la cour, pour qu'elle revienne vivre auprès de lui, pour que leur amour redevienne celui de leur rencontre.
Et qu'il est impressionnant, ce gascon fort en gueule, têtu, effronté. Il refuse tout bénéfice de la position de sa femme, il défie le roi en personne! Il est cocu et le royaume entier le sait: soit, il jouera le rôle du cocu dans toute sa splendeur!
J'ai beaucoup aimé ce nouveau roman de Teulé, dans lequel on retrouve les mêmes ingrédients que dans celui consacré à Villon: c'est cru, mais quand même bien moins que le précédent (pour rassurer ceux qui ont été un peu échaudés). Je trouve que le personnage du Marquis méritait bien un roman, car si la moitié de ce qui est raconté est vrai, il s'agissait d'un personnage incroyable. Oser défier le roi-soleil pour l'amour de sa femme, ça a quand même de la gueule. Inviter le voisinage à l'enterrement de son amour aussi. Bref, une très grande sympathie pour ce personnage, qui porte le roman. Quant à la forme, outre de petites images commentées, il y a de l'humour dans le texte, et parfois les mots s'envolent et se suivent dans un ordre peu conventionnel, et ces ruptures de rythme m'ont plutôt séduites.
Ma note: 8,5
Un autre roman de Jean Teulé: Je, François Villon