Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Malgré les intenses révisions pour mon dernier concours blanc, j'ai lu dernièrement Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee traduit par Isabelle Stoïanov en Livre de Poche.
Lu pour le défi Le nom de la rose.
Première phrase: "Mon frère Jem allait sur ses treize ans quand il se fit une vilaine fracture au coude mais, aussitôt sa blessure cicatrisée et apaisées ses craintes de ne jamais pouvoir jouer au football, il ne s'en préoccupa guère."
Dans les années 1930, Scout vit avec son frère ainé Jem et son père Atticus dans une petite ville de l'Alabama. Sa maman est morte alors qu'elle était toute petite, et une cuisinière noire, Calpurnia, aide le père à élever les deux garnements. Car si les deux enfants sont intelligents et débrouillards, ils sont aussi très désobéissants. Oh, rien de grave, juste des bêtises d'enfants. Comme essayer d'apercevoir Boo Radley, leur voisin mystérieusement reclus depuis des années, avec l'aide de leur petit copain Dill. Ou se battre à l'école, lorsqu'on accuse leur père d'être l'ami des Noirs. Car Atticus, avocat, est commis d'office pour défendre un jeune Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Et l'homme intègre décide de s'acquitter de sa tâche au plus près de sa conscience.
Scout nous raconte avec ses yeux d'enfant deux ou trois ans de leur vie. C'est une petite fille intelligente et naïve, que son père laisse vivre suivant ses goûts de garçon manqué à condition qu'elle respecte les grands principes qu'il essaye d'inculquer à ses enfants. Et quel homme admirable que cet Atticus, descendant d'une vieille famille du Sud, qui s'efforce de mettre en acte les idées de paix et de tolérance qu'il veut leur faire passer. Il est secondé avec talent par Cal, la mère (noire) de substitution des enfants, qui elle aussi s'efforce de faire d'eux des gens biens.
Mais la paisible maisonnée est dérangée lorsque Tante Alexandra vient s'installer chez eux: elle trouve que Scout n'est pas élevée comme il sied à la jeune Belle du Sud qu'elle se doit de devenir, en tant que descendante de l'illustre lignée des Finch, et qu'importe si la fortune de la famille appartient elle aussi au passé. Ce personnage, plutôt ridicule à son apparition, évolue au fil du roman: derrière son corset et ses airs pincés, Alexandra aime profondément son neveu et sa nièce, et ne souhaite que leur bien. Sa mission sera en un sens accomplie: si Scout continue à porter la salopette et à traîner avec les pauvres du comté, elle admire néanmoins la manière dont se comporte sa tante face aux coups durs de la vie.
Et des coups durs, il va y en avoir, dès lors qu' Atticus se charge de la défense d'un paisible jeune homme Noir, accusé à tort. Mais que vaut la vérité des Noirs, face aux mensonges des Blancs dans l'Alabama des années 1930? C'est perdu d'avance, mais Atticus décide de se battre. Et ses enfants n'ont d'autre choix que celui du Bien, celui de s'engager à ses côtés, et d'y croire. Coûte que coûte, envers et contre tous.
Un magnifique roman, tendre, frais, émouvant, nostalgique, drôle. J'ai adoré, je l'ai dévoré. Moi qui adore la littérature du sud des Etats-Unis, j'y ai retrouvé certains romans de Faulkner. Un pur bonheur, à lire absolument.
Ma note: 9.5/10
Une fois de plus, je ne me souviens plus quelle bloggeuse m'a donné envie de le lire: était-ce Papillon, Gachucha, Jules, Solsol, Sylire?