J’ai
lu au début du mois La chambre des morts de Franck Thilliez aux éditions Le
Passage.
J’avais
prévu de lire ce roman dès ma lecture de Train
d’enfer pour ange rouge, pensant que c’était la suite des aventures de
Sharko. Mais en fait il n’apparaît pas dans ce roman, dont l’une des héroïnes
est une jeune femme flic, maman de deux jumelles de quelques mois qui refusent
de dormir la nuit.
Une
petite fille aveugle est exécutée par son ravisseur alors que son père se fait
écraser au moment d’apporter la rançon réclamée. Point de départ d’une enquête
hallucinante pour Lucie, point de départ d’une descente aux enfers pour
Sylvain. Point de départ d’une nuit agitée pour le lecteur !
Attention,
polar trash. A ne pas lire le soir avant de dormir si vous vivez seul dans une
maison isolée, à ne pas conseiller à la petite cousine de 12 ans même si elle
dévore déjà des pavés. Dans ce roman, Thilliez prend plaisir à explorer le côté
obscur en touchant aux choses les plus sacrées. D’ailleurs, Lucie elle aussi
prend plaisir à plonger dans les ténèbres de l’esprit de la Bête
…
Ce
roman est captivant et bien mené, on s’attache évidemment à la quête de Lucie,
mais aussi aux tourments de Sylvain l’anti-héros, gars plutôt gentil qui a pour
seul tort de s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, avec un
mauvais compagnon. Mais le roman devient magistral en s’approchant de la
fin : j’avais vraiment cru démasquer le/la coupable à deux reprises, loupé
c’est aucun des deux. De rebondissement en rebondissement, Thilliez nous mène
par le bout du nez, jusqu’à l’épilogue, ultime retournement de l’intrigue.
Bref, du très bon, un cran encore au-dessus de Train d’enfer… pour ce qui est de la maîtrise de l’intrigue.
Par
contre, j’avais déjà formulé mes réserves quant aux envolées lyriques de
l’auteur. Il y a du mieux dans ce roman, mais ce n’est pas encore parfait, il
reste encore quelques clichés, dont l’utilisation est encore plus dommage quand
on voit le niveau de l’intrigue. Par exemple, Lucie explique à son
collègue : « C’est pire que ce que je craignais. Pierre, un monstre
démoniaque se dresse en face de nous, une entité capable d’atrocités qu’aucun
esprit sain ne pourrait imaginer*… ». Bon. Ce serait une intervention du
narrateur, ça passerait à la rigueur (Un
monstre démoniaque se dressait en face d’elle, une entité…). Mais dans la
bouche d’un policier parlant à un autre, là je ne suis pas du tout
d’accord ! Allez, Franckounet, encore un petit effort au niveau du
style ! Je vais suivre tes progrès dans ton roman suivant, Deuil de miel.
*Doit-on
y voir un clin d’œil de l’auteur à sa propre santé mentale, puisque lui a
imaginé toutes ces atrocités ? Je serais la Valérie
de la dédicace, je
ferais chambre à part et je fermerais à double tour. Voire je partirais en
courant.
Ma note : 9/10 (Franck n’atteindra pas ma note
maximale, i.e. 9,5/10,
tant qu’il ne résoudra pas son problème de lyrisme
malvenu)