Lunar Park
J’ai fini il y a quelques jours Lunar Park, de Bret Easton Ellis, traduit par Pierre Guglielmina. Je l’ai dévoré. Il fait partie de ces bouquins qui ne me font pas vraiment envie, malgré les bonnes critiques, que je me force un peu à lire, et que finalement j’adore.
Qu’en dire ? Qu’il commence comme une autobiographie de l’écrivain, qu’il se transforme en ce qui ressemble à un ènième roman postmoderniste (à la White Noise de Don Delillo) où l’écrivain se met en scène et met son œuvre en perspective (mais qu’est ce que ça veut dire, mettre une œuvre en pespective ?), qu’il passe ensuite au roman fantastique, tendance angoisse, avant de se terminer comme un rêve. Mais même ça, ça ne donne pas une idée de la qualité de ce bouquin, dont le thème principal semble être le rapport de filiation (père-fils, auteur-œuvre).
La narration à la première personne, dont le narrateur est Bret Easton Ellis himself (ou bien peut-être celui qu’il appelle « l’écrivain », ou encore BEE tel qu’il a été fantasmé par ses lecteurs ou les critiques) glisse parfaitement d’un genre à l’autre. On ne sait pas à quel moment on quitte l’autobiographie pure pour rentrer dans la fiction, on rentre dans le fantastique petit à petit, et on accepte la fin telle qu’elle nous est donné, sans poser trop de questions. En plus, de l’humour, de l’ironie tout le long.
Vraiment un excellent roman à mon humble avis, et j’espère vous inciter à sa lecture. A tel point que j’en appelle au magazine Lire, qui l’avait élu meilleur livre de 2005 (mais même ça, ça n’était pas parvenu à me motiver outre mesure) : « (…) sous des allures de thriller fantastique, Lunar Park est le récit d’une conjuration, d’un combat contre soi-même, et c’est ce qui fait sa force. Et s’il arrache ses masques pour dévoiler ses blessures, Ellis surprend également quand il dépeint l’Amérique du fric et de la frime. Pour toutes ces raisons, son roman restera comme un grand moment de la littérature d’outre-Atlantique. » (Lire, numéro de décembre 2005 - janvier 2006)